Christie Morreale | Pour une meilleure information sur les zones de baignades accessibles
Vice-Présidente du Gouvernement wallon, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des Femmes
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Pour une meilleure information sur les zones de baignades accessibles

Question écrite à Monsieur le Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

La problématique des eaux et zones de baignade est une question sur laquelle je vous ai plusieurs fois interrogé. En effet, dès que le printemps revient et que les températures augmentent, on constate quotidiennement des gens qui nagent dans l’Ourthe notamment, ne tenant parfois pas compte des risques liés au caractère semi-torrentiel de la rivière.

Or, les eaux de baignade en milieu naturel sont soumises aux dispositions de la Directive européenne 2006/7/CE du 15 février 2006 relative à la gestion de la qualité des eaux de baignade, qui permet de surveiller, contrôler, de manière préventive, les contaminations éventuelles du site de baignade. Cette directive est transposée dans le Code de l’eau afin d’assurer un niveau élevé de protection de la santé des baigneurs.

En Région wallonne, 33 zones de baignade sont répertoriées. Comme en 2016, 8 parmi celles-ci sont interdites en raison de la qualité de l’eau insuffisante observée. Pour les 25 autres zones autorisées, la qualité de l’eau est globalement excellente.

Monsieur le Ministre, ces 33 zones de baignade sont désignées, selon les dispositions prévues par le Code de l’Eau, par un arrêté gouvernemental (AGW du 25/10/1990, 18/07/2002, 24/07/2003, 27/05/2004, 29/06/2006, 14/03/2008, 12/07/2012 et 13/03/2014). Depuis maintenant 3 ans, le nombre de zones n’a pas augmenté et reste bloqué à 33. Pourrait-on envisager d’augmenter le nombre de zones de baignade ? D’autres zones ne pourraient-elles pas convenir ?  Quels sont les critères qui permettent de déterminer ces zones ? Si le code de l’Eau prévoit pour toute personne d’adresser à l’administration wallonne des suggestions d’actualisation, un travail est-il effectuer en collaboration avec votre collègue en charge du tourisme pour également réfléchir à cette actualisation ? En effet, il me semble que le potentiel touristique est également a analysé dans l’identification de ces zones.

Lors d’une question précédente, vous m’annonciez que l’Administration avait analysé une vingtaine d’endroits potentiels de baignade ces dernières années, dont plusieurs sur la région de Liège (le Lac de Warfa à Nivezé, l’Ourthe au Parc de La Boverie à Liège, aux Bains de Hamoir, au Domaine de Palogne à Ferrières,…). Ces sites ont-ils fait l’objet d’analyse de la qualité de l’eau la part de vos services ? Seront-ils prochainement ouverts à la baignade ?

De plus, comme vous le précisiez précédemment, la directive européenne s’applique aux endroits de baignade souvent fréquentés ainsi que pour les endroits où une interdiction permanente n’a pas été prise, compte tenu des risques sanitaires. Qu’en est-il des autres endroits qui ne sont identifiés par l’Union européenne comme fortement fréquentés mais qui ne représentent pas de risques sanitaires importants ?

L’Ourthe, plus particulièrement sur la commune d’Esneux, est une zone « floue », où la baignade n’est pas interdite selon les dispositions européennes mais qui n’est pas non plus identifiée par la Région Wallonne comme zone de baignade. Pourtant, quotidiennement, des personnes se baignent dans nos rivières et s’exposent à certains risques en allant se baigner dans des zones qui peuvent être dangereuses.

Monsieur le Ministre, j’estime que cette situation peut être dangereuse pour nos citoyens. Je plaide donc, encore une fois, pour que certaines zones puissent être déterminées rapidement, sécurisées même si le niveau bactériologique ne correspond pas exactement aux exigences européennes mais sont acceptables. En effet, les personnes qui se baignent ignorent les risques liés au caractère semi-torrentiel de l’Ourthe. Nous devons donc sécuriser certains endroits. Ils ignorent également les risques sanitaires. Je souhaite donc que des informations relatives à ces risques soient disponibles dans les zones à déterminer et que l’on puisse y mener des actions de prévention.

Dès lors, des familles qui n’ont pas nécessairement les moyens de partir en vacances à l’étranger pourraient profiter, en toute sécurité, des ruisseaux wallons, en toute sécurité.

Réponse

La protection de la santé publique est l’élément clé de la Directive 2006/7/CE – Directive Eaux de baignade. Cette dernière impose d’atteindre des critères de qualité très stricts au niveau  bactériologique qu’il est difficile d’atteindre en rivière où la qualité bactériologique est largement dépendante des conditions climatiques.

Les eaux de l’Ourthe, mis à part Maboge en amont, et de la Lesse restent interdites à la baignade, et ce malgré les lourds investissements réalisés en matière d’assainissement (plus de 70 millions euros). Malgré cela les efforts sont poursuivis, avec parfois d’autres mesures que celles qui relèvent de l’assainissement, pour atteindre l’objectif d’une conformité de nos eaux de baignade en rivière. À cet égard, il est symptomatique de constater que la Wallonie est une des seules régions à proposer des zones de baignade localisées en rivière. Ainsi, La Flandre, le Grand-duché de Luxembourg et les

Départements français limitrophes ne proposent que des zones de baignade situées sur des plans d’eau fermés. Par facilité, ils ont supprimé ou n’ont jamais désigné de zones de baignade situées en rivière.

Le critère essentiel à prendre en compte dans la désignation d’une zone de baignade est l’obtention d’une qualité de l’eau satisfaisante aux exigences de la Directive, exigences qui ne permettent en aucun cas la désignation de sites présentant un risque sanitaire modéré. En pratique, la désignation d’une nouvelle zone ne doit donc être envisagée qu’au terme d’un suivi de trois ou quatre années, soit le délai réglementaire pour réaliser un premier classement de la qualité de l’eau.

La vingtaine de sites potentiels de baignade situés en rivière et répertoriés par l’administration depuis plus de 10 ans, n’a malheureusement pas pu aboutir à la désignation de zones au regard de la qualité insuffisante des eaux, excepté pour l’une d’entre elles : Membre sur Semois.

L’Administration est ouverte à toute proposition de demande de nouvelle zone. Le cas échéant, elle assurera un suivi de la qualité microbiologique sur plusieurs années. Ainsi, la Plage d’Amée à Jambes a été contrôlée, mais n’a pu jusqu’à ce jour être proposée comme zone de baignade. Par ailleurs, un suivi d’un étang à Habay est assuré depuis 2014. Il s’agit d’un projet de réaménagement d’une zone de baignade historique.

En outre, d’autres aspects entrent en jeu pour les sites potentiels : la sécurité face à la noyade et l’accord du gestionnaire du cours d’eau. À ce titre, les sites en carrière ne peuvent convenir en raison du risque d’hydrocution. Autre exemple, les espaces de baignade sur les Lacs de l’Eau d’Heure, où la qualité est excellente, sont limités par le gestionnaire en raison des courants créés par les barrages et la présence d’activités nautiques incompatibles.

Enfin, il convient de rappeler que le Bourgmestre est l’autorité responsable de la sécurité sur le territoire de sa commune. Il peut édicter une interdiction en vue de préserver la sécurité du public, face notamment à la dangerosité d’un site. Dans ce cas, à l’initiative de la commune, peut être prise la mesure de la mise en place d’une injonction par l’affichage de panneaux d’interdiction de baignade.