Christie Morreale | En action
Vice-Présidente du Gouvernement wallon, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des Femmes
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Enfin un meilleur encadrement pour les élèves porteurs de handicap !

Question écrite à Monsieur le Ministre Marcourt, en charge de l’Enseignement supérieur

Alors que les réflexions sur la formation initiale des enseignants semblent, d’après vos propos, aboutir prochainement, je souhaite attirer une nouvelle fois votre attention sur les particularités liées à la prise en charge d’enfants à besoins spécifiques.

Comme vous le savez,actuellement le diplôme requis pour enseigner dans l’enseignement spécialisé est identique à celui de l’enseignement ordinaire. Dans le cadre de cette formation commune, il n’existe pas de module obligatoire relatif à la prise en charge des enfants à besoins spécifiques. Si la formation initiale des enseignants ne peut ambitionner de donner une maîtrise intégrale de la profession, elle peut néanmoins évoluer en vue de répondre aux besoins de tous les enfants.

Alors que depuis plusieurs années, la Fédération Wallonie-Bruxelles ambitionne d’améliorer l’intégration des enfants porteurs d’un handicap dans l’enseignement ordinaire, peu d’enseignants sont formés à cette prise en charge et à la détection des troubles. Beaucoup se sentent démunis et face à des troubles qui peuvent facilement être pris en charge – je pense notamment à la dyslexie, ils ne savent pas toujours comment réagir.

Le projet d’avis n°3 du groupe central du Pacte pour un enseignement d’excellence évoque également à plusieurs reprises la question de la différentiation. En effet, nos enseignants doivent développer une méthode de travail particulière, une pédagogie différenciée et des méthodes adaptées à chaque situation de handicap qu’il rencontre au sein de l’établissement scolaire. Ils doivent pouvoir s’adapter face à chaque situation individuelle.

Dans les réflexions qui vous animent à l’occasion de la refonte de la formation initiale et dans la perspective de l’élargissement des contenus et de l’intégration scolaire, quelles sont les réflexions menées jusqu’ici pour renforcer la formation à la prise en charge des enfants à besoins spécifiques ? Confirmez-vous votre volonté de rendre obligatoire l’organisation de cours et de stages en lien avec la prise en charge des différents troubles et déficiences et ce, pour l’ensemble des futurs enseignants ? Un module consacré aux besoins spécifiques ainsi qu’à leurs détections sera-t-il rendu obligatoire pour les futurs enseignants du maternel, du primaire et du secondaire ?

Enfin, avez-vous déjà eu l’occasion de soumettre un projet de formation à l’analyse du Conseil supérieur de l’enseignement spécialisé ?

Réponse

Sous l’impulsion d’un large mouvement qui se développe depuis plusieurs dizaines d’années au plan international, l’idée que l’on se fait de la prise en charge des élèves en situation de handicap a beaucoup évolué en Fédération Wallonie-Bruxelles.

La loi du 19 mai 1914 instaurant l’instruction obligatoire imposait aux communes d’organiser des classes pour « enfants faiblement doués ou arriérés ou pour enfants anormaux ». Aujourd’hui, le jeune peut être intégré dans l’enseignement ordinaire quel que soit son handicap et sans avoir fréquenté l’enseignement spécialisé. Cela implique un important changement de perspective concernant la place que doivent avoir les élèves à besoins spécifiques au sein de notre système scolaire.

Depuis 2000, la formation initiale des instituteurs et des régents permet des sensibilisations spécifiques en la matière et, parallèlement, les formations en cours de carrière proposent aux enseignants qui le désirent différentes formations pour mieux connaître les troubles de l’apprentissage et la façon d’adapter leur enseignement mais aucune formation de base ne prépare directement à l’enseignement spécialisé.

Le décret de 2004, qui fixe les modalités de l’intégration, invite à considérer l’enseignement spécialisé et l’enseignement ordinaire non plus comme deux entités distinctes au sein de notre système éducatif mais comme des partenaires amenés à travailler conjointement pour créer les meilleures conditions de scolarisation possibles pour les élèves porteurs d’un handicap. Ce changement de paradigme, qui demande à l’école à s’adapter aux besoins des élèves, va de pair avec le développement chez les enseignants de compétences de pointe dans la mise en œuvre de réponses adaptées et originales aux difficultés rencontrées par les élèves.

En 2011, dans la préface du vade-mecum de l’intégration produit par le Conseil supérieur de l’enseignement spécialisé, le Ministre Christian DUPONT soulignait la nécessité du renforcement de la formation initiale et continuée des membres du personnel enseignant. Il faudrait, disait-il, une formation initiale de haut niveau incluant des connaissances sur les modalités de l’intervention précoce, la problématique des différents handicaps, les missions des centres PMS, le partenariat avec la famille, la collaboration avec les services sociaux et médicaux…

Tant qu’à présent, cela s’est avéré très difficile en raison du cadre étriqué d’une formation qui s’étend sur trois ans. Les horaires des étudiants sont très lourds et il paraît peu envisageable d’y ajouter des matières et des domaines d’études particuliers. Par ailleurs, aujourd’hui, en Fédération tous les titres requis et suffisants de l’enseignement fondamental et secondaire ordinaire sont valables pour l’enseignement spécialisé. S’il existe la possibilité de suivre une spécialisation en orthopédagogie d’un an en Hautes Ecoles et en Enseignement de Promotion sociale, celle-ci n’est pas exigée pour accéder à l’enseignement spécialisé.

Les acteurs de l’enseignement spécialisé, consultés dans le cadre de l’évaluation de la formation initiale des enseignants menée par l’Université Saint Louis en 2011-2012, ont insisté sur la nécessité de ne plus laisser aux institutions l’initiative de créer des formation facultatives mais bien de rendre obligatoire l’organisation de cours spécifiques et de stages actifs obligatoires de quinze jours ouvrables dans l’enseignement spécialisé.

Par ailleurs, les avis du groupe central du Pacte suggèrent de « ramener l’enseignement spécialisé à sa vraie mission qui ne consiste pas à « regrouper» les plus défavorisés culturellement, n’affichant aucun besoin spécifique qui ne pourrait être pris en charge par l’enseignement ordinaire ». De plus, il encourage à mettre en place « les modalités qui permettraient qu’un certain nombre d’enfants qui sont traditionnellement scolarisés dans l’enseignement spécialisé soient plutôt intégrés dans l’enseignement ordinaire, dans une forme d’enseignement inclusif ».

S’appuyant sur ces recommandations, le GT4O, chargé de formuler des propositions concrètes pour la réforme de la formation initiale des enseignants, envisage trois types de formation visant trois objectifs différents.

Le premier type de formation consisterait en une formation de base pour tous les futurs enseignants les préparant :

–        à détecter de manière précoce des élèves en difficulté ;
–        à distinguer difficultés momentanées, troubles de l’apprentissage et besoins spécifiques ;
–        à orienter les élèves qui le nécessitent vers du personnel spécialisé ;
–        à adapter les pratiques pédagogiques aux besoins des élèves de manière générale et en particulier aux besoins des élèves souffrant d’un handicap qui sont intégrés dans l’enseignement ordinaire.

Les compétences attendues et les contenus décrits porteraient sur la mise en œuvre de pratiques différenciées, en ce compris la détection des difficultés et de processus de remédiation immédiate ; ils porteraient également sur la psychologie des apprentissages en ce compris les facteurs cognitifs, affectifs et conatifs influençant l’apprentissage et les troubles qui y sont associés, la psychologie du développement en ce compris les troubles du développement, les besoins spécifiques des enfants et adolescents porteurs de handicaps, la prise en compte dans une perspective inclusive des troubles de l’apprentissage ou du développement et des besoins spécifiques dans l’enseignement ordinaire et spécialisé.

Les stages seraient organisés de telle manière que chaque étudiant puisse être confronté à un public scolaire fréquentant l’enseignement spécialisé.

Le deuxième type de formation, organisé dans le cadre d’une optionen orthopédagogie, viserait les futurs enseignants plus particulièrement intéressés par la prise en charge d’enfants en situation de handicap et qui, dès leur formation initiale, envisagent la possibilité d’exercer leurs fonctions dans l’enseignement spécialisé.

Cette option de 15 à 30 crédits aurait pour objectif l’acquisition non seulement de connaissances théoriques sur un grand nombre de handicaps et de difficultés mais aussi de compétences pratiques telles que l’apprentissage par la psychomotricité, la musicothérapie, l’expression corporelle et les techniques de détente, l’ergothérapie…

Un troisième type de formation pourrait être organisé dans le cadre de la formation continue ; il serait notamment ciblé sur les enseignants ayant suivi une option orthopédagogie lors de leur formation initiale qui souhaiteraient approfondir leurs connaissances, élargir leur champ de compétences à toute personne (enfants, adolescents, personnes âgées) en situation de handicap et d’éventuellement exercer des fonctions dans les différents milieux accueillant des personnes à besoins spécifiques.

Ce projet n’a pas été soumis à l’analyse du Conseil supérieur de l’enseignement spécialisé. En revanche, il a fait l’objet de discussions au sein du Comité de Suivi de la réforme de la formation initiale, au sein de la Commission pédagogique de l’ARES et de la Chambre des Hautes écoles.

 

En France, une femme sur deux a peur dans les transports en commun

« La gent féminine est, de loin, plus effrayée à l’idée de prendre les transports publics que les hommes. C’est ce que révèle une étude publiée par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU). Les résultats portent sur l’année 2015 et révèlent que les femmes sont 56,3% à ressentir de l’inquiétude contre 26,7% des hommes. Ces chiffres peuvent sembler très élevés mais ils reflètent une réaction légitime : 37% des interrogées disent avoir été victimes d’un vol sans violence et 39% d’agression sexuelle. »

C’est ce que nous apprend cet article du Figaro, à consulter ici. Si le phénomène existe en France, les femmes belges sont également confrontées, quotidiennement, à la même problématique. Pourtant, chez nous, les pouvoirs publics ne semblent pas encore conscients de son ampleur. Les nombreux témoignages qui affluent sur les réseaux sociaux, quasi quotidiennement, semblent ignorer. Depuis des mois, j’attends une réactions forte des pouvoirs publics wallons.

Tout à commencer en avril 2015, voici deux ans maintenant. A la suite d’une enquête française, j’interrogeais le Ministre Di Antonio. Dans celle-ci, le Ministre semble considérer le phénomène comme banal, voire inexistant.

Or, à mes yeux, c’est tout le contraire. Le phénomène de harcèlement sexuel est présent dans l’ensemble de notre société, qui reste profondément inégalitaire. Dès lors que ce phénomène existe dans le monde professionnel, dans la sphère privée, dans la rue, il existe également dans le bus. Pour moi, c’est simplement inadmissible.

Avec ma collègue, Véronique Bonni, nous avons souhaité mesurer l’ampleur du harcèlement dans les transports en commun au sein de l’agglomération liégeoise. Un questionnaire a été distribué à Liège, Verviers, dans des écoles,… Les résultats étaient édifiants: Chez les 179 utilisatrices de transports en commun répondant à l’enquête, 52% ont subi ou subissent durant leurs voyages des propos ou des insultes sexistes, 51% reconnaissent être ou avoir été victimes de comportements qu’elles jugent dérangeant. 57% des répondantes estiment que le harcèlement dans les transports en commun est un phénomène régulier.

Sans même s’en rendre compte, ces femmes adaptaient leurs comportements afin de ne pas être victimes: elles ne circulent pas seules, évitent des lignes identifiées comme problématiques, évitent les déplacements le soir, adaptent leur tenue vestimentaire, …

Suite à ces résultats, le Ministre Di Antonio, dans une intervention en avril 2016, annonçait la création d’un groupe de travail. Depuis, nous attendons toujours une réaction forte de sa part.

A mes yeux, la problématique du harcèlement dans les transports n’est pas solvable sans que les outils apportés pour tenter d’enrayer le phénomène ne concernent également l’ensemble de la société.Mes solutions proposées sont multiples:

1) C’est par l’éducation des jeunes et moins jeunes, au problème général du sexisme, et à celui plus spécifique du harcèlement, que les choses pourront évoluer positivement. Au sein de cette politique éducative, il conviendrait de sensibiliser tant les potentiels harceleurs que les potentiels témoins. Cette sensibilisation éducative pourrait avoir lieu lors de formations réalisées dans les écoles, les universités, mais aussi des entreprises, organisations, etc.
L’éducation peut aussi se faire par le biais de campagnes de sensibilisations dans les transports en commun, mais aussi dans les lieux publics.

2) Cette enquête a été réalisée de manière assez rapide afin de faire prendre conscience aux différentes instances politiques que le phénomène du harcèlement dans les transports en commun n’est pas anodin. Néanmoins pour corroborer les points saillants que cette distribution de questionnaire a fait ressortir, il conviendrait de mener une grande enquête au sein des différentes compagnies de transport en commun de la Région wallonne. Véronique a d’ailleurs déposé une proposition de résolution en ce sens. D’autre part, le monde du transport est encore souvent masculin et les aménagements sont pensés plus par des hommes que par des femmes. L’expertise des femmes doit être prise en compte.

3) Le personnel doit être formé afin d’être pleinement opérationnel lorsqu’une situation de harcèlement lui est rapportée. Son rôle est primordial dans la lutte contre ce phénomène, tant dans la phase de prévention, que de réaction et d’accompagnement des victimes.
La présence des agents est ressentie comme un élément important de prévention et d’assistance. Elle est rassurante, mais joue également un rôle dissuasif. Il est indispensable de former le personnel. Une formation sur le harcèlement, suivie par tous les agents, quel que soit le poste occupé, permettrait une plus large prise de conscience du problème en leur sein et une intervention efficace.

4) Seules 16 % des répondantes ont référé du comportement sexiste à une autorité, plainte ou personnel naviguant. Néanmoins la Belgique, contrairement à son voisin français, est un État qui s’est doté d’une législation sanctionnant le sexisme dans l’espace public. C’est pourquoi il est nécessaire de permettre aux femmes victimes de connaître tous les ressorts légaux pour qu’elles puissent se défendre. Le constat d’une impunité des actes de harcèlement sexiste et de violences sexuelles est alors simple à faire : très peu de plaintes, peu de témoins et c’est souvent sur les seules déclarations des parties que l’autorité compétente va devoir trancher.
Le faible taux de dépôt de plaintes peut s’expliquer par la honte ressentie par les victimes, mais aussi par leur éventuelle peur de ne pas être prises au sérieux. D’autre part, la procédure du dépôt de plainte est complexe et demande du temps. Pour pallier cette absence de plaintes déposées par les victimes, il est donc essentiel de créer ou de développer des structures permettant une simplification de la procédure. En parallèle, il est important de mettre en place des lignes d’écoutes permettant de se renseigner, de signaler certains faits. Le système de la préplainte en ligne pourrait être repris puisqu’il existe déjà pour les cas de vol ou d’acte de vandalisme. La victime effectue une prédéclaration en ligne puis prend rendez-vous au commissariat pour signer sa plainte.

5) Il est également essentiel de mener une vaste campagne de sensibilisation à la problématique via les canaux de communication existants de la SRWT, à savoir, une campagne dans les transports et abris, une sensibilisation via la création de capsules vidéos diffusées sur les réseaux sociaux mais également sur le site internet du groupe TEC et d’intégrer, dans le cadre de la charte des utilisateurs des transports en commun, un critère réserve aux comportements sexistes afin que ceux-ci soient bannis des transports en commun

6) Je propose également d’étudier la possibilité d’étendre les amendes administratives à ce type de délit.

 

Enfin, je tiens à souligner le travail effectuer par l’association « Touche pas à ma pote », qui contribue quotidiennement à dénoncer le phénomène, forme et informe les jeunes.

 

 

Projet pilote d’intégration scolaire : comment, pour qui ?

Question écrite à Madame Schyns, Ministre en charge de l’enseignement obligatoire

Le plan autisme, adopté par en avril 2015 par plusieurs Ministres régionaux et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, annonce différentes mesures relatives à la prise en charge d’enfants présentant des troubles autistiques. Parmi celle-ci, l’axe 5 souhaite « développer au moins un projet pilote de classes spécialisées dans l’enseignement ordinaire : projet expérimental de classes qui bénéficieraient d’un encadrement plus important. Un comité de suivi pourrait mettre en évidence les bénéfices obtenus par ce type d’encadrement et servir de base à une révision des normes d’encadrement. Cela permettrait également de déterminer les critères d’organisation de la pédagogie adaptée pour élèves autistes. »

Vous annonciez avoir pris contact avec les différents pouvoirs organisateurs afin d’inviter ceux-ci à solliciter des écoles pour participer à ce projet pilote. Tout d’abord, d’un point de vue du timing, pouvez-vous me confirmer votre volonté de lancer ce projet pilote pour le 1er septembre 2017 ?

Madame la Ministre, si je ne peux évidemment qu’adhérer au principe d’intégration scolaire, permettez-moi de vous interroger sur les détails de la mise en place de ce projet. En effet, il est essentiel que ce projet soit abouti avant sa mise en place afin de garantir sa réussite. S’il est urgent de trouver des solutions d’encadrement spécifiques plus performantes pour un certain nombre d’enfants en situation de handicap, nous ne devons pas bâcler la mise en place de ces projets pilotes.

Pouvez-vous me spécifier si ces classes seront ouvertes uniquement aux enfants atteints de troubles autistiques ou à l’ensemble des enfants relevant du type 2 ? Quels enseignants vont encadrer ces classes ? Pourront-ils bénéficier d’une formation spécifique relative, notamment, aux pédagogies adaptées ?Les enseignants de l’établissement seront-ils également formés ? En effet, il me semble nécessaire que l’ensemble du corps enseignant adhère à ce projet et qu’ils soient également formés adéquatement.

A mes yeux, il est également important que ces enfants ne soient pas cloisonnés dans une classe séparée et qu’il n’existe aucun échange entre avec les élèves qui fréquentent les classes « ordinaires ». En effet, pour que l’intégration soit effective il est nécessaire de parvenir à mettre en place un maximum de temps en commun avec d’autres enfants, en fonction évidemment, des spécificités de chacun.

Un travail de sensibilisation est-il envisagé auprès des parents des établissements scolaires concernés?Les parents doivent également être préparés et être favorables au projet d’intégration qui doit, dès lors, s’inscrire entièrement dans le projet d’établissement.

Madame la Ministre, pouvez-vous également me préciser les modalités qui seront mises en place pour ces enfants après leur prise en charge dans l’enseignement primaire ? Ces enfants, comme l’ensemble de ceux qui bénéficient d’un programme d’intégration, pourront-ils bénéficier du même encadrement spécifique tout au long de leur parcours scolaire ? Quels sont les aménagements prévus pour, notamment, le passage des épreuves certificatives ?

Réponse :

Vous avez participé activement à la présentation du Plan autisme lors de la Commission conjointe du 25 janvier 2017 où j’ai déjà eu l’occasion d’aborder succinctement ce projet. Vos différentes questions me permettent de le développer davantage.

En premier lieu, d’un point de vue du timing, je vous confirme mon intention de lancer ce projet-pilote pour le 1erseptembre 2017. La collaboration avec CAP48 et les deux Ministres régionaux impliqués dans le plan autisme permet d’envisager le subventionnement de 8 projets. Pour que ces projets soient bien construits, mes collaborateurs ont déjà tenu plusieurs réunions sur cette thématique et je peux donc affirmer qu’au moins 5 projets démarreront et que je garde l’espoir d’en voir éclore 7 ou 8 dès septembre 2017.

Ces projets s’inscrivent dans la continuité du plan autisme. Ils concernent une majorité d’élèves porteurs de troubles autistiques qui fréquentent l’enseignement spécialisé de type 2. Mais comme vous le savez, des classes à pédagogie adaptée à l’autisme peuvent également être organisées dans l’enseignement de type 3. Ces classes qui accueillent des élèves qui relèvent à la fois de l’enseignement de type 3 et de l’autisme peuvent également être associées à ce projet.

Dans tous les cas, les élèves seront inscrits dans des classes de l’enseignement spécialisé localisées dans des écoles d’enseignement ordinaire. Ils bénéficieront d’un accompagnement pédagogique et paramédical assuré par des membres du personnel de l’enseignement spécialisé déjà formés. C’est à cet encadrement généré par l’enseignement de type 2 ou de type 3, que s’ajouteront les différentes aides générées par le cofinancement avec CAP48 et les Régions.

Quant à l’information et aux communications nécessaires aux membres du personnel et aux parents de l’enseignement ordinaire de l’école, celles-ci devront effectivement être organisées. C’est notamment pour cela que j’ai décidé de désigner deux équivalents temps plein dont la mission de coordination sera essentielle pour faciliter la concrétisation de ces projets. Le profil recherché a été établi en concertation avec les réseaux d’enseignement. Sur la base du cahier des charges établi, leur désignation sera finalisée le 2 mai et ces coordinateurs encadreront le projet durant les deux prochaines années scolaires.

L’étude universitaire sur l’intégration menée par l’UCL et également cofinancée avec CAP48 vient de démontrer que l’intégration des élèves de l’enseignement de type 2 était la plus difficile à mettre en place, car, pour les équipes éducatives, il s’agit davantage d’une intégration sociale que d’une intégration pédagogique. C’est en cohérence avec cette étude que les moyens dégagés devraient permettre de créer des passerelles entre ces deux niveaux d’enseignement.

En effet, ces enfants ne doivent pas rester cloisonnés dans leurs locaux. Le cahier des charges prévoira les moments de partages formels et informels qui seront progressivement installés entre les deux types d’enseignement. Là aussi, le rôle des coordinateurs sera prépondérant.

Vous m’interrogez aujourd’hui sur l’avenir de ces classes. Il s’agit ici d’un projet expérimental. Les éléments probants qui émergeront de l’analyse de ces projets alimenteront les réflexions menées dans le cadre du Pacte et me permettront de les pérenniser et de motiver mes futures décisions en matière d’inclusion, d’intégration et d’enseignement spécialisé. Par ailleurs, en l’état actuel d’avancement de ces projets, il ne m’est pas possible de vous répondre sur l’aménagement des épreuves certificatives et sur la poursuite de ces modalités d’accompagnement en enseignement secondaire. Ces décisions dépendront également de l’évolution de chaque enfant accueilli au sein de ces classes inclusives.

 

C’est reparti pour les apéros du vendredi !

Le printemps revient… Les apéros du vendredi aussi !
Rendez-vous à la terrasse de mon bureau (Rue désirée Delville 5 à Esneux) pour célébrer le (non-)retour du beau temps… Au plaisir de vous voir !
Exceptionnellement, Elio quitte Mons pour nous rendre visite dans la plus belle commune de Wallonie 😉 !

Traités internationaux : comment protéger nos agriculteurs ?

Question écrite à Monsieur le Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme

Depuis quelques semaines, la Commission Européenne annonce son ambition en ce qui concerne la négociation d’un maximum d’accords de libre-échange bilatéraux avec des pays tiers. Le secteur agricole wallon s’inquiète de cette frénésie libre échangiste.

Ainsi, outre le traité euro-américain, la Fédération Wallonne de l’Agriculture pointe également du doigt la volonté de l’UE d’entamer des négociations avec la Nouvelle-Zélande, ce qui inquiète particulièrement le secteur laitier européen, et d’accélérer le processus de négociation avec les pays de l’Amérique du Sud (le Mercosur) dont l’Argentine se montre particulièrement pro-active dans l’exportation de viande bovine.

Monsieur le Ministre, partagez-vous les inquiétudes du secteur agricole wallon face à ces probables futurs traités ?  Pensez-vous, comme le craint la FWA, que la facilitation des échanges avec ces différents pays aura des impacts négatifs pour notre agriculture ? Comment entendez-vous protéger notre secteur agricole face à ces éventuelles menaces ?

Réponse

Dans la mesure où les négociations multilatérales à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) sont proches du point mort depuis plusieurs années, l’agenda de la politique commerciale de l’Union européenne (UE) s’enrichit toujours plus de projets d’accords commerciaux bilatéraux. À cet élément vient s’ajouter la nécessité, pour l’UE, de dynamiser son calendrier des négociations déjà entreprises et à venir, suite à la nouvelle réalité politique des États-Unis. De plus, les discussions bilatérales vont désormais au-delà de la seule notion d’ouverture de marchés pour s’étendre aux domaines de la convergence règlementaire et des règles. Les accords commerciaux sont des vecteurs de développement permettant la création d’emplois et de richesses économiques. Toutefois, il convient que ces négociations et accords bilatéraux restent équilibrés afin d’éviter des dumpings de divers ordres ou une aliénation des droits fondamentaux des individus et sociétés. Il faut par ailleurs assurer que cette richesse créée soit aussi redistribuée.

Si dans ces négociations, l’Union peut mettre en valeur de réels intérêts offensifs pour certains secteurs, il y a lieu d’avoir une attitude plus défensive en ce qui concerne certaines productions agricoles considérées comme sensibles non seulement pour le secteur, mais aussi pour nos consommateurs. Certaines exigences normatives imposées au secteur agricole européen se traduisent en effet, par des coûts de production plus élevés pour nos producteurs.

Tout l’enjeu des discussions est de trouver l’équilibre entre l’ensemble des secteurs économiques offensifs et importants pour l’Union et le secteur agricole plus sensible à certains égards, vu le rôle multifonctionnel qu’il joue dans l’espace rural européen.

Plus concrètement, dans tous les exemples de négociations qu’évoque l’honorable membre, je veillerai à toujours défendre la spécificité de notre agriculture au travers des différents instruments agréés existants : calendrier, contingent tarifaire et tout autre mécanisme de protection, comme les clauses de sauvegarde en cas de dégradation excessive d’un marché particulier. Si l’agriculture a longtemps pu bénéficier d’un régime d’exception dans les négociations commerciales internationales, son inclusion dans les règles d’OMC en 1995 fut le début d’un basculement progressif avec des outils de soutien de marché toujours plus affaiblis, entraînant une exposition croissante à la volatilité des marchés et à ses conséquences dommageables sur les revenus agricoles.

Vu l’importance stratégique du secteur agricole aux plans économique, social, sécurité et sûreté alimentaire ou encore territorial et environnemental, il convient de réagir en proposant l’exception agricole dans les négociations internationales au même titre que l’exception culturelle. Sans pour cela défendre une attitude protectionniste dans laquelle d’aucuns semblent s’engager, porter l’idée d’une exception agricole, vu la spécificité du secteur et la nécessité de défendre avant tout la notion de sécurité alimentaire au sens large, me semble être une évidence. Même si je suis bien conscient de l’ampleur du chantier.

 

Interdiction du glyphosate, le combat continue !

Question orale à Monsieur Di Antonio, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

Le débat relatif à la substance active « glyphosate » s’est invité sur la table de notre parlement il y a plusieurs mois déjà, suite à plusieurs études scientifiques qui affirmaient la dangerosité du produit. Notre parlement adoptait d’ailleurs une résolution demandant au gouvernement wallon d’agir rapidement pour une interdiction.

J’apprenais via la presse de ce samedi 4 que le Conseil d’Etat avait donné son feu vert pour le projet d’arrêté relatif à l’interdiction d’usage du glyphosate en Région Wallonne. Suite à l’adoption en deuxième lecture et à cet avis du Conseil d’Etat, quand espérez-vous présenter le texte en troisième lecture ?

Toujours d’après les informations recueillies dans la presse, il semblerait que, malgré votre volonté, le Conseil d’Etat rejette l’idée de placer les produits incriminés sous vitrine ainsi qu’à la présence d’un vendeur titulaire de la phytolicence. Monsieur le Ministre, confirmez-vous cette information ? Comment entendez-vous adapter ce texte afin de contraindre les usagers privés à ne pas utiliser ces produits ?

Réponse

À deux reprises, le Gouvernement wallon a validé le projet qui a été soumis fin d’année dernière au Conseil d’État.

Effectivement, dans son avis, ce dernier estime que même si le projet n’interdit ni la vente ni l’achat de produits phytopharmaceutiques agréés pour un usage non professionnel, il impose des obligations aux distributeurs qui restreignent la possibilité même de vendre et d’acheter ces produits.

Ces obligations prévues concernent notamment la mise sous clé. L’objectif de celle-ci est d’assurer que l’information sur la dangerosité du produit et sur les alternatives puissent être communiquée par les vendeurs aux particuliers lors de l’achat. C’est une manière simple et efficace de garantir cette communication. Tenant compte du travail que nécessite la prise en compte de cet avis, l’arrêté sera proposé au Gouvernement wallon pour son adoption définitive dans le courant du mois de mars 2017.

Cela permettra que les restrictions d’usage de ces produits soient effective savant le retour des beaux jours et des jardiniers sur le terrain.

Il est grand temps que le Fédéral prenne ses responsabilités dans la défense des abeilles !

Question écrite à Monsieur Willy Borsus, Ministre de l’agriculture

Permettez-moi de vous revenir pour faire suite à l’avis du Conseil Supérieur de la Santé relatif aux néonicotinoïdes et au fipronil. Dans une première question adressée au lendemain de la publication officielle, le 19 juillet, vous m’assuriez que ces insecticides étaient déjà soumis à des restrictions très strictes sur le marché belge, comme l’interdiction d’usage pour les non-professionnels et pour les professionnels pendant la floraison des cultures. Pouvez-vous me préciser ces conditions ? Ces restrictions imposées par la Belgique sont-elles différentes des restrictions européennes ?

L’ensemble de ces questions relèvent de la compétence du Sénat dans la mesure où elle concerne une matière fédérale qui a une influence sur les compétences des entités fédérées en matière d’agriculture, de Santé publique, d’environnement, de bien-être, …
Vous m’annonciez également qu’en collaboration avec les Ministres de la Santé Publique et de l’Environnement, votre administration devait réaliser une analyse de cet avis 9241 et de ses implications quant aux produits phytopharmaceutiques actuellement autorisés sur le marché belge. Vous deviez ensuite « prendre attitude et décision en concertation avec les acteurs concernés ».
Monsieur le Ministre peut-il me préciser les raisons justifiant une analyse de l’avis qui avait lui-même été demandé par vos prédécesseurs ? De plus, cet avis du CSS ne fait que confirmer deux études internationales, celle réalisée par l’EASAC ainsi que la WIA qui repose elle-même sur 1121 études.

Monsieur le Ministre, alors que cet avis vous est parvenu en juin 2016, votre administration a-t-elle terminé l’analyse de cet avis ? En concertation avec vos deux collègues, quelles sont les décisions entendez-vous prendre ?
Enfin, Monsieur le Ministre, les conclusions de cet avis sont accablantes : risques pour les écosystèmes, pour les insectes pollinisateurs, pollution des sols et des nappes phréatiques et ainsi que pour la santé humaine en général.
Devant un tel avis, l’autorité publique se doit de réagir. Entendez-vous solliciter la réévaluation de ces substances actives, à la lumière des nouveaux éléments scientifiques disponibles et confirmés et en vertu de l’article 21 du règlement 1107/2009 ?

Réponse :

Les conditions précises des restrictions pour les substances actives imidaclopride, clothianidine et thiaméthoxame sont les suivantes:

Ces substances actives ne peuvent plus être appliquées sur les plantes à fleurs qui sont attrayantes pour les abeilles, ni sur les semences de ces dernières et des céréales. De plus, l’application de ces produits ne peut être réalisée que par des professionnels. Depuis le 1er décembre 2013, les semences traitées avec ces substances actives ne peuvent plus être semées. Il y a une exception pour les cultures se trouvant sous serre, ainsi que pour les semences de céréales traitées qui sont semées de juillet à décembre.

Plus concrètement, cela veut dire que :

  • Depuis le 1er décembre 2013, l’importation ou le semis de semences traitées de maïs, de pois, de haricots, de lin et de colza ne sont plus permis (comme pour toutes les autres cultures qui sont encore sur la liste négative de la Commission Européenne). En Belgique, ces cultures ne sont pas cultivées en serre et par conséquent aucune exception n’a été accordée ;
  • Depuis le 1er octobre 2013, les produits phytopharmaceutiques utilisés pour la protection des semences mentionnées ci-dessus ne peuvent plus être conservés ou utilisés sauf pour le traitement des semences destinées à l’exportation et à la culture sous serre ;
  • Depuis le 1er décembre 2013, le semis de semences traitées de froment, d’orge, d’avoine, de seigle, de triticale et d’épeautre n’est plus autorisé de janvier à juin. Sur l’étiquette des emballages de ces semences traitées, la mention « les semences doivent être semées entre juillet et décembre » doit apparaître. Les entreprises de traitement de semences doivent s’assurer que les céréales à semer de janvier à juin soient protégées avec d’autres moyens ;
  • Depuis le 1 octobre 2013, toute pulvérisation en pommeraies et en plantes ornementales (durant l’année où elles fleurissent) est limitée à « après la floraison ». Dès lors, les produits phytopharmaceutiques concernés mis sur le marché doivent être pourvus d’étiquettes mentionnant les stades d’application adaptés. Tout le stock de produits ayant des étiquettes qui ne sont pas encore adaptées devait être retiré le 30 novembre 2013 ;
  • Depuis le 1er octobre 2013, toute utilisation par les utilisateurs non professionnels est interdite. Les stocks de produits phytopharmaceutiques à usage non-professionnel qui se trouvaient déjà sur le marché pouvaient encore être vendus jusqu’au 31 août 2013. A partir du 1er juin 2013, de nouveaux stocks ne pouvaient plus être mis sur le marché et les détenteurs d’autorisations devaient dûment informer les clients du délai d’utilisation restreint et de la problématique des abeilles.

Ces restrictions sont conformes aux restrictions européennes.

Pour le seul produit à base de fipronil autorisé en Belgique, l’autorisation a également été modifiée conformément aux restrictions européennes. Il s’agit du produit de traitement de semences Mundial (N° 9196P/B). Les emballages de ce produit doivent porter les mentions suivantes :

  • L’enrobage des semences doit s’effectuer exclusivement dans des infrastructures professionnelles de traitement des semences. Ces infrastructures doivent utiliser les meilleures techniques disponibles en vue de réduire au minimum la libération de poussières durant l’application sur les semences, le stockage, le transport et le semis ;
  • Lors du semis de semences traitées, un équipement de semis adéquat assurant un degré élevé d’incorporation dans le sol ainsi que la réduction au minimum des pertes et des émissions de poussières doit être utilisé. Cette restriction devra être mentionnée sur l’emballage des semences traitées au fipronil.

Toutes ces informations sont par ailleurs disponibles sur Phytoweb, le site web de l’administration dédié aux produits phytopharmaceutiques.

En ce qui concerne l’avis n° 9241 du Conseil supérieur de la Santé (CSS), étant donné que cet avis ne contient aucune recommandation concrète pour les modalités des autorisations des produits autorisés, j’ai effectivement dû charger mon administration de l’analyser afin de mieux identifier et cerner les conséquences possibles au niveau des autorisations de produits sur le marché belge.
L’autorisation des produits phytopharmaceutiques est réglementée au niveau européen par le Règlement (CE) n° 1107/2009. Cette réglementation prescrit la méthodologie pour l’évaluation des produits phytopharmaceutiques et les critères d’autorisation. La méthodologie d’évaluation se base sur le risque, c’est-à-dire le rapport entre les propriétés intrinsèques du produit et l’exposition à ce produit. Une autorisation est délivrée lorsqu’il a été constaté que le risque est acceptable selon les critères tels qu’établis dans le contexte du Règlement (CE) n° 1107/2009. Si de nouveaux éléments surgissent qui démontrent le non-respect de ces critères, une autorisation est modifiée ou retirée.

Les questions précises posées au CSS s’inscrivaient dans cette méthodologie imposée par la législation et étaient en rapport avec :

–       La qualité scientifique de la méthodologie appliquée par les auteurs de l’étude WIA (abréviation de « Worldwide Integrated Assessment of the Impact of Systemic Pesticides on Biodiversity and Ecosystems » et non de « World Iodine Association ») ;
–       Les critères pour la sélection des études analysées ;
–       La question dans quelle mesure les doses testées dans les études étaient comparables aux doses auxquelles sont exposés les organismes non-cibles suite à des applications de néonicotinoïdes conformes aux autorisations belges ;
–       L’impact possible sur la biodiversité en Belgique ;
–       Les mesures possibles de réduction de risque afin de réduire l’exposition des organismes non-cibles.

Une question secondaire traitait des propriétés neurotoxiques de certains néonicotinoïdes.

L’analyse de cette dernière question a été faite de façon approfondie et offre des informations  particulièrement utiles à l’administration pour les discussions au niveau européen au sujet de la fixation des valeurs toxicologiques de référence pour les substances concernées. Par contre, le CSS n’apporte que des réponses très succinctes aux autres questions.
Le CSS admet que la stratégie pour la sélection des études n’est pas très bien expliquée par les auteurs de l’étude WIA. Le CSS est néanmoins d’avis qu’il existe de bonnes raisons pour faire confiance aux conclusions, compte tenu de l’approche analytique solide et l’excellente communication des résultats. Par contre, nulle part dans son avis, le CSS ne se penche sur l’approche analytique utilisée par les auteurs de l’étude.
En ce qui concerne la pertinence des doses utilisées dans les études considérées par les auteurs de l’étude WIA, le CSS se limite à citer les auteurs de l’étude qui revendiquent que ces doses sont pertinentes pour l’exposition réelle des organismes non-cibles. L’avis du CSS ne contient aucun élément qui permet de conclure que cette revendication a fait l’objet d’une vérification par le CSS.
En ce qui concerne l’impact sur la biodiversité en Belgique, le CSS se limite à supposer que les conclusions des auteurs de l’étude WIA s’appliquent aussi à la situation belge, mais cette supposition n’est étayée par aucune évaluation de risque selon la méthodologie du Règlement européen.

Finalement, en ce qui concerne les mesures de réduction de risque, le CSS n’apporte aucune réponse concrète.

En conclusion, bien que contenant des éléments d’information très utiles et pertinents, le CSS n’a pas réalisé une évaluation de risque en application de la méthodologie telle que prescrite par la réglementation européenne, ni formulé de propositions concrètes par rapport aux produits autorisés sur le marché belge.

Une administration doit toujours veiller à agir dans le respect de la législation. Ceci est particulièrement le cas lorsqu’elle entend entamer une action aussi importante que le retrait d’autorisations qui a des conséquences économiques importantes, aussi bien pour les producteurs que pour les utilisateurs de ces produits, et qui peut dès lors conduire à des contestations, voire à des procédures en justice.
En s’écartant de la logique des questions posées, logique qui s’inscrivait dans le contexte réglementaire, le CSS n’apporte donc pas dans son avis d’ éléments solides qui pourraient justifier un retrait ou même une modification des autorisations existantes de produits phytopharmaceutiques contenant des néonicotinoïdes.

Vous me demandez si je compte solliciter une réévaluation des néonicotinoïdes en vertu de l’article 21 du Règlement (CE) n° 1107/2009. En fait, une telle réévaluation est en cours : en date du 16 novembre 2015, la Commission européenne a mandaté l’EFSA en application de cet article 21 pour réaliser une nouvelle évaluation de risque pour l’impact des néonicotinoïdes sur les pollinisateurs, en tenant compte de toutes les nouvelles études disponibles. L’EFSA a répondu qu’elle pouvait finaliser cette analyse pour le 30 novembre 2017. J’y serai bien entendu tout particulièrement attentif.
Par ailleurs, les évaluations pour un éventuel renouvellement des approbations européennes de la clothianidine et du thiaméthoxame sont également en cours ; celle de l’imidaclopride suivra cette année. A cet occasion, il est également tenu compte des études scientifiques pertinentes publiées dans le courant des 10 dernières années. Pour le fipronil, il a déjà été décidé que l’approbation ne serait pas renouvelée.

Je vous assure que j’analyserai tous ces éléments de façon détaillée et que je déciderai de nouveaux retraits d’autorisation de  produits si cela s’avère nécessaire et justifié scientifiquement.

 

Quel bilan pour le Plan fédéral Abeilles ?

Question écrite à Monsieur Willy Borsus, Ministre des Classes moyennes, des Indépendants, des PME, de l’Agriculture, et de l’Intégration sociale

Le Plan Abeilles 2012-2014 était une réponse à un constat alarmant : les abeilles subissent depuis une vingtaine d’années un déclin mondial, provoqué par de multiples facteurs.  Ce phénomène frappe tout particulièrement l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Amérique Centrale.  Il se traduit par une surmortalité préoccupante des abeilles domestiques.  Ce déclin concerne aussi les abeilles sauvages.  Or ce déclin met en péril le service de pollinisation, avec des conséquences potentielles non seulement sur l’économie mais aussi sur notre sécurité alimentaire.  En effet, si l’on a pu chiffrer, très probablement en la sous-estimant, la contribution de la pollinisation à l’économie européenne (14,2 milliards d’euros par an), on sait désormais que nos pollinisateurs sont trop peu nombreux pour répondre à nos besoins agricoles.  Une tendance qui risque de s’aggraver étant donné la demande croissante en produits alimentaires et en agrocarburants.  Les pertes pourraient être considérables : près de 13 milliards pour la culture du soja uniquement.
Ce Plan se développait autour de six objectifs principaux et vingt-neuf actions à réaliser pour la fin 2014.  Parmi celles-ci, on peut citer : une étude de faisabilité intitulée « l’abeille comme indicateur des écosystèmes », une meilleure prise en compte du risque que représentent pour les abeilles certains pesticides systémiques, la sensibilisation du citoyen en partenariat avec des organisations non gouvernementales (ONG) grâce à une participation accrue aux foires et salons et à la distribution ciblée de brochures et d’outils pédagogiques.
Le Plan fédéral Abeilles a instauré une méthodologie de travail collaborative entre les acteurs de l’administration, de la recherche et de la société civile en général, concernés directement ou indirectement par la préservation de la pollinisation.

Aujourd’hui, l’enjeu consiste à pérenniser cette collaboration positive et dynamique ainsi que les actions réalisées ou initiées.  En effet, il reste encore des actions à mener.

L’ensemble de ces questions relève de la compétence du Sénat dans la mesure où elles concernent une matière fédérale qui a une influence sur les compétences des entités fédérées en matière d’agriculture, de santé publique, d’environnement, de bien-être, …

Je connais votre préoccupation pour le déclin des abeilles.  Dès lors, je souhaite savoir comment vous entendez poursuivre les actions entamées dans ce premier Plan Abeilles.  Par ailleurs, travaillez-vous actuellement sur un nouveau Plan fédéral en vue d’une meilleure coordination des actions entre les différents acteurs concernés ?

Enfin, quel bilan dressez-vous de ce premier Plan fédéral ?

Réponse :

Je suis en effet extrêmement attaché à la santé des abeilles et pleinement conscient de leur importance capitale.

Un bilan général du Plan fédéral Abeilles 2012-2014 a été réalisé et présenté dans un communiqué de presse du 24/03/2015. Un résumé de chacune des mesures est disponible sur le site www.vivelesabeilles.be et sur les sites des partenaires:

www.info-abeilles.be
www.afmps.be
www.afsca.be
www.phytoweb.be*
www.jedonnevieamaplanete.be.be

Certains volets de ce premier Plan fédéral Abeilles étaient destinés à instaurer des procédures et  des méthodes de travail à long terme ou à renforcer certaines mesures existantes, en se fondant sur la nouvelle « gouvernance abeilles ». Cela concerne en particulier des actions relatives à la gestion des risques,  qui devaient logiquement être poursuivies dans le futur. Le même scénario s’applique aux volets relatifs à la santé des abeilles ou la mise en cohérence des politiques, des plans ou des programmes gouvernementaux.

Dans cette optique, je développe, en collaboration avec les Ministres Marghem et De Block, un deuxième Plan fédéral Abeilles, qui sera présenté le 15 mai à l’occasion du Colloque national « Qui fait quoi pour les abeilles ? » organisé à et par l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.

Ce projet de Plan fédéral Abeilles 2017-2019 vise à répondre aux nombreux défis que pose la préservation de la pollinisation et la santé des abeilles. Ce Plan rassemble à la fois différentes mesures récemment prises par le Gouvernement et des actions qui seront mises en œuvre dans un avenir proche. Il comprend 8 volets dont les objectifs sont d’aider les apiculteurs, mieux comprendre les racines du problème, mieux maitriser les risques et mobiliser tous les acteurs concernés. La gouvernance du Plan sera assurée par la Task Force Abeilles qui rassemble toutes les administrations fédérales concernées. Les différents leviers de l’Autorité fédérale – la santé animale, les normes de produits, l’utilisation durable de la biodiversité, la santé publique et la recherche scientifique associée à ces compétences – seront ainsi mobilisés. Le nouveau Plan prévoit que la Task Force se réunisse régulièrement  pour assurer la coordination des actions fédérales.

D’autre part, un groupe de travail national sur les abeilles, fondé en 2012 dans le cadre du Comité de coordination pour la politique internationale de l’environnement (CCPIE) et mandaté par la Conférence interministérielle sur l’environnement, rassemble les autorités fédérales et régionales qui sont compétentes pour la protection des abeilles. Le but de ce groupe de travail est de consulter et d’échanger des informations entre les différents niveaux de pouvoir. Le Plan fédéral Abeilles et les mesures prises par les régions y ont été discutées à plusieurs reprises. Ce groupe de travail garantit une certaine cohérence entre les mesures prises par les autorités concernées et permet d’explorer d’avantage les synergies possibles entre les différents acteurs impliqués.

Animations contre l’IVG dans le cadre de l’EVRAS, c’est inacceptable !


Question orale à Madame la Ministre de l’Éducation

En juin 2016, la presse et la société civile relatait des faits excessivement graves. En effet, l’association « Groupe Croissance » aurait dispensé dans les écoles des animations dans le cadre de l’EVRAS, d’animations problématiques qui semblaient très orientées contre l’interruption volontaire de grossesse.

De manière générale et d’après les seules informations disponibles sur leur propre site internet, cette association défend une conception rétrograde et réactionnaire de la société et, à plus forte raison, de la sexualité. Cette vision se réclame directement de l’évangile. Ce groupe défend l’abstinence et une vision très culpabilisante de la sexualité et, principalement, de l’avortement. Dans ce cas, nous touchons à certains symboles mais aussi et surtout à un droit accordé depuis 1990 dans notre pays. Ces informations étant facilement disponibles, je m’interroge sur les raisons qui ont poussés les directions à solliciter le groupe « Croissance »

Madame la Ministre, nous étions nombreux, à l’époque, à réagir fortement. Les questions étaient nombreuses.

Dès lors, pouvez-vous nous donner des informations complémentaires par rapport aux faits ici évoqués ? Combien d’enfants ont suivi ces formations ?  Quelles sont les écoles qui ont reçu des animations du groupe Croissance ? Selon les informations reprises sur le site internet de cette association, ils auraient réalisé 54 animations dans 23 écoles.  Pouvez-vous vous confirmer ou infirmer ces chiffres ? Ces écoles concernées bénéficient-elles d’un soutien renforcé en vue de développer un partenariat avec des opérateurs reconnus ?

Vous assurez que le recours à des opérateurs extérieurs pour ces animations relève de la responsabilité du chef d’établissement ou du pouvoir organisateur.  Pourquoi les directions ont-elles fait appel à cette association ? Dès lors, leur responsabilité pourrait-elle être engagée ?

Madame la Ministre, comme je vous en faisais déjà part à l’époque, le caractère très général des dispositions prises en 2012 semble rendre problématique cette cohérence de l’EVRAS.  Si vous marquiez votre accord pour établir des balises accompagnées de critères de sélection précis et des conditions minimales d’intervention des prestataires EVRAS au sein des établissements scolaires. Dès lors et dans ce genre de cas, ou à tout le moins ce genre de risque, vous incitera-t-il à envisager une modification des dispositions décrétales ?

Réponse :

Pardonnez-moi si je me répète. En effet, nous avons déjà eu ce genre de discussion. Toutefois, il n’est pas inintéressant d’évoquer l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle en commission. Au reste, je sais que vous connaissez très bien le sujet. Certains éléments ne vous seront donc pas totalement inconnus. La décision de faire appel à un opérateur pour organiser des animations d’EVRAS relève du chef d’établissement ou du pouvoir organisateur. Il m’est impossible de communiquer les chiffres relatifs au nombre d’animations réalisées par cet opérateur en particulier. Ceci dit, dès que la situation m’a été rapportée, j’ai demandé à l’administration de diligenter une mission d’information pour vérifier le contenu des activités menées par le Groupe croissance en classe. Je n’ai pas eu d’informations sur l’existence d’autres écoles concernées par les animations de cette ASBL. Les vérifications ont été spécifiquement conduites dans l’établissement scolaire pour lequel nous avions été interpellés à l’époque.

En matière de balises, les circulaires et les brochures transmises aux écoles les invitent à faire appel, d’une part, aux partenaires internes à l’établissement, tels que les CPMS et les services de promotion de la santé, d’autre part, aux partenaires externes comme les dix points d’appui EVRAS qui sont intégrés dans les centres locaux de promotion de la santé et dans les centres de planning familial compétents. Plusieurs études vont dans le même sens. Elles confirment que les écoles font prioritairement appel aux opérateurs référencés dans les circulaires.

Mais dans tous les cas, je sais comme vous qu’il est important que les contenus véhiculés par les opérateurs, qu’ils soient référencés ou non, n’aillent pas à l’encontre des objectifs de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. C’est pourquoi je suis favorable à la mise en place d’une labellisation. Celle-ci déterminerait alors les conditions que les prestataires devraient minimalement satisfaire pour une prestation de qualité au sein des écoles. Nous avons déjà abordé la thématique de la labellisation lors de réponses à Mme Gahouchi et à M. Dufrane. Nous réfléchissons activement à la labellisation et à sa mise en œuvre avec les différents membres du gouvernement, notamment avec Mme Simonis. Plusieurs réunions de travail ont eu lieu à ce sujet. Nous devrions aboutir dans des délais raisonnables.

Christie Morreale : En effet, il est important de s’assurer de la qualité des contenus et d’avoir des opérateurs sûrs. J’encourage les membres du gouvernement à se mettre d’accord sur une série de balises et sur le contenu, mais aussi d’y revenir rapidement, dans l’intérêt des élèves. Si l’on continue à ne pas avoir de gardefous, tout cela risque d’aller, comme vous l’avez dit, à l’encontre des objectifs de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. Or ce n’est pas ce que le constituant recherche.

 

 

 

Il faut une meilleure organisation des formations continues pour le spécialisé !

Question orale à Madame la Ministre de l’Éducation

La formation continue des enseignants est un véritable enjeu pour l’avenir de nos écoles. Cette problématique constitue d’ailleurs un axe du Pacte d’excellence, qui propose plusieurs modifications certainement essentielles. Cependant, depuis 2002, les professeurs de l’enseignement spécialisé ne bénéficient pas des mêmes commodités que les enseignants de l’ordinaire.

En effet, deux décrets organisent les formations en cours de carrière. Si le premier s’adresse aux membres du personnel de l’enseignement fondamental ordinaire, le second concerne, quant à lui, le personnel de l’enseignement secondaire ordinaire, de l’enseignement fondamental spécialisé et des CPMS, organisés ou subventionnés par la Communauté française.

Je souhaite aujourd’hui remettre en lumière plusieurs différences dans ces décrets, alors qu’en février 2015, j’attirais déjà l’attention de votre prédécesseure sur ces questions.

Tout d’abord, dans l’enseignement fondamental spécialisé, la formation organisée sur base volontaire, se déroulant durant le temps de prestation des membres du personnel, ne peut dépasser six demi-jours par année, sauf dérogation. Or, le décret s’appliquant aux membres du personnel de l’enseignement fondamental ordinaire, en son article 6, précise que ces formations ne peuvent dépasser dix demi-jours, toujours durant le temps de prestation des membres du personnel. Soit, pour une même situation, les enseignants du spécialisé bénéficient de quatre demi-jours de moins pour se former.

Quelles sont les raisons de cette différence ? Les réflexions actuelles entendent-elles uniformiser les formations pour l’ensemble de nos enseignants ?  La formation continue est essentielle pour notre enseignement mais c’est d’autant plus vrai dans l’enseignement spécialisé où les pathologies, les méthodes d’apprentissage et de prise en charge sont en constante évolution. Dès lors, je ne comprends pas les raisons de ces différences.

De plus, les remplacements, déjà très compliqués dans l’enseignement ordinaire, semblent quasi impossibles dans l’enseignement spécialisé. Si l’on entend allonger le nombre de jour de formation, comme le propose le Pacte, comment souhaitez-vous mettre en place ces remplacements ?

Réponse :

Comme vous l’indiquez, la formation continue est un des axes importants du Pacte. Cette matière est régie par deux décrets. Si les dispositifs sont semblables, ils ont cependant chacun leurs particularités, dues à l’histoire. À l’époque, les compétences de l’enseignement obligatoire et des centres PMS dépendaient de deux ministres, l’un compétent pour le fondamental ordinaire, l’autre pour le secondaire ordinaire, le spécialisé et les centres PMS. L’enseignement spécialisé est au régime du secondaire ordinaire et le fondamental ordinaire a son régime propre. Je vous rejoins sur le fait que ces différences sont, sur le fond, injustifiables et incompréhensibles. Il va de soi qu’un futur décret unique pour tout l’enseignement obligatoire, élaboré dans la foulée des travaux du Pacte, abolira ces différences.

Le groupe central s’est accordé sur le développement d’une formation en cours de carrière «conçue selon les besoins définis par les objectifs du système éducatif, les enjeux collectifs des établissements et le développement professionnel de l’enseignant». Si vous lisez les pages 154 à 162 du projet d’avis n° 3, la philosophie, les objectifs et certaines des modalités qui sous-tendront l’écriture de ce nouveau décret rejoignent nombre de vos questions.

Soyons toutefois clairs: le groupe central n’a pas vraiment travaillé sur la question du remplacement des enseignants en formation. Sans doute la situation n’est-elle pas satisfaisante, mais il serait budgétairement et pratiquement impossible d’organiser le remplacement systématique de tout membre du personnel en formation. Cette question devra être réfléchie à frais nouveaux lors de l’élaboration du nouveau décret, en tenant compte du budget. Je rappelle à cet égard que le groupe central a prévu d’augmenter le budget consacré à la formation continuée puisque le nombre de jours de formation augmente.

J’attends dans les prochaines semaines la version définitive de l’avis n° 3. En tout état de cause, il faudra s’attaquer à la réforme de la formation en cours de carrière. Nous nous y attèlerons ensemble en tenant compte des différences anormales que vous soulignez.