Christie Morreale | Mecamold, quel avenir pour les salariés ?
Vice-Présidente du Gouvernement wallon, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des Femmes
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Mecamold, quel avenir pour les salariés ?

Question orale à Monsieur le Ministre de l’Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation

Situation de l’entreprise Mecamold et avenir des salariés

 

L’entreprise Mecamold basée à Herstal est spécialisée dans le moulage pour pneus depuis plus de 50 ans. Elle emploie à l’heure actuelle 100 ouvriers et 50 employés. Structure familiale jusqu’en 2004, elle a été à cette date reprise par Bridgestone, géant industriel spécialisé dans la production de pneus (et non le moulage) qui était actionnaire à 100 %.

Jusqu’en 2015, la situation de l’entreprise était plus ou moins en équilibre. Depuis, il y a eu des changements dans l’entreprise et depuis au moins deux ans, l’entreprise est tombée sous l’article 633. Pour rétablir l’équilibre, il aurait fallu recapitaliser à hauteur de 2 millions d’euros, mais les actionnaires auraient décidé de ne pas/plus réinjecter les montants nécessaires. Dès le début du mois d’avril, ils ont cherché à vendre Mecamold, évoquant que le core business de Bridgestone serait la production de pneus et non le moulage.

Le 3 mai dernier, un conseil d’entreprise extraordinaire a eu lieu. Les dirigeants ont annoncé qu’ils n’étaient plus propriétaires de l’entreprise herstalienne. Keravalon rachetant l’entreprise. Les organisations représentantes de travailleurs ouvriers et employés  n’auraient reçu aucune information sur les accords sociaux entre les deux entreprises ni de garantie sur l’avenir de l’emploi et des 150 salariés de Mecamold. Des inquiétudes émergent autour de Keravalon, dont le siège social est à Paris, s’interrogeant autour de la vocation industrielle de celle ci.

Lors d’un Conseil d’entreprise, Keravalon aurait rencontré les syndicats qui se battent pour maintenir l’emploi. L’avenir des salariés de Mecamold reste incertain.

J’aurais voulu savoir, Monsieur le Ministre, comment vous entendiez répondre aux inquiétudes des syndicats et du personnel qui aimeraient avoir des assurances quant à leur avenir ?

Avez-vous connaissance du business plan de ce rachat ? Dans le cas contraire, comptez-vous prendre contact avec la nouvelle direction ?

En tant que Ministre de l’Economie et de l’Emploi, vous assurerez-vous que les nouveaux propriétaires respecteront la convention collective de travail 32bis ?

Réponse

M. Jeholet, Ministre de l’Économie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation. – Madame la Députée, le groupe Bridgestone avait décidé de se séparer de sa filiale Mecamold à Herstal, filiale qui fut à un certain moment le principal fournisseur du groupe Bridgestone de moules intervenants dans la vulcanisation des pneus.

Les raisons de la dégradation des performances de l’entreprise seraient multiples. Nous savons qu’en tant qu’entreprise intégrée dans un groupe international et qui plus est représentant un centre de coût, il est difficile d’établir les circonstances réelles qui poussent une maison mère à se défaire de sa filiale.

Bridgestone aurait organisé la cession de Mecamold avec la volonté d’avancer rapidement afin, notamment, de ne pas plonger son personnel dans un climat d’incertitude prolongé, ce qui aurait pu pénaliser la recherche d’un repreneur.

Le rachat par la société Keravalon est intervenu le 4 mai dernier. L’accord de cession implique une recapitalisation en numéraire, c’est à dire par rapport aux capitaux nouveaux et aux frais de Bridgestone avant le transfert des titres.

L’extrait publié au Moniteur belge fait état d’une recapitalisation de 15 600 000 euros libérés intégralement. Keravalon est une société spécialisée dans la reprise et la redynamisation de filiales de grands groupes sous performantes et jugées non stratégiques au regard de leur core-business.

Comme dans toute transaction, mais particulièrement dans ce type de cas, il existe un risque que le repreneur échoue dans son projet de remise à flot. Il faut, néanmoins, être conscient que sans un changement d’actionnaire, c’est une fermeture pure et simple qui aurait été profilée et près de 160 personnes qui auraient alors perdu leur emploi.

La société a été reprise en continuité. Je n’ai, à ce stade, pas de connaissance de perte d’emploi. Je veux aussi souligner les points suivants qui me paraissent quand même positifs pour des perspectives de Mecamold.

D’une part, il y a un nouvel actionnaire qui arrive avec un projet visant à assurer la profitabilité et la pérennité de l’activité. Deuxièmement, la société a été recapitalisée. Troisièmement, un accord de fourniture de moules pour Bridgestone a été signé pour environ 600 moules par an pendant cinq ans, cela permettra à l’entreprise de prendre le temps d’organiser sa diversification au niveau des produits, mais aussi au niveau de ses clients.

La SOGEPA connait évidemment bien le dossier. Voilà, les nouvelles que j’ai aujourd’hui. Je pense qu’une communication a pu être faite aux membres du personnel de l’entreprise.

Cette communication a-t-elle dissipé toutes les inquiétudes  ? Je ne suis pas à même de vous le dire. En effet, il faut examiner aussi et retirer de cette opération des perspectives qui peuvent être rassurantes par rapport à la pérennité, même si, comme je l’ai dit, il y a toujours un risque par rapport à ce type de reprise.

M. le Président. – La parole est à Mme Morreale.

Mme Morreale (PS). – Je transmettrai les informations que vous m’avez données aux travailleurs qui m’avaient sollicitée. L’inquiétude était double. La première était de garantir l’emploi et ne pas savoir où ils allaient. La deuxième inquiétude était par rapport à la nature de l’entreprise qui n’avait pas de statut ou de vocation industrielle et donc la crainte d’une fausse reprise en disant au fond qu’il ne faudrait pas qu’il se défausse de ses obligations. Évidemment, chaque personne a envie que ce soit cela qui se passe.

Je voulais relayer pour que l’on en appelle à la vigilance et que l’on s’assure que l’on ne soit pas dans un cas de figure comme celui-là et que vous regardiez au niveau des services dont vous avez la direction ou la tutelle pour qu’il y ait des contacts avec la direction et voir dans quelle mesure nos outils économiques peuvent soutenir toute initiative de diversification qui permettrait, à la fois de garantir l’emploi, mais aussi de travailler à la pérennisation de l’outil.