Christie Morreale | Comment faciliter la production de céréales bio en Wallonie ?
Vice-Présidente du Gouvernement wallon, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des Femmes
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Comment faciliter la production de céréales bio en Wallonie ?

Question écrite à René Collin, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme

Les derniers chiffres relatifs à la croissance de l’agriculture biologique wallonne démontrent que ce secteur a le vent en poupe : si certains secteurs sont en pleine expansion, d’autres tardent à percer, notamment suite à des contraintes techniques.
Je souhaite aujourd’hui aborder avec vous la problématique de la production céréalière bio. En effet, nous savons que 84% des terres wallonnes converties au bio sont des prairies : ceci sous-entend donc un potentiel déficit agricole important. En effet, à l’heure actuelle, la grande majorité des produits céréaliers bio doivent être importés.
Monsieur le Ministre, en 2010, on recensait 2 000 ha de céréales bio en Belgique, essentiellement en épeautre, froment et orge.
Pouvez-vous actualiser ces chiffres et préciser les données relatives à la Wallonie ? On estime que la production avoisine les 9 000 tonnes. 85 à 90% de cette production sert à l’alimentation animal : il reste donc très peu de production destinée à l’alimentation humaine.
Pourtant, la demande est importante : nous importons plus de 15.000 tonnes de blés et 4 000 tonnes d’autres céréales. La production en Europe de l’Ouest n’étant pas suffisante, il est actuellement indispensable d’importer des produits cultivés en dehors de l’UE : Russie, Turquie ou Kazakstan par exemple.
Monsieur le Ministre, comment expliquez-vous cette production encore timide ? Quels sont les difficultés rencontrées par nos producteurs wallons dans ce secteur agricole et qui permettent d’expliquer ces chiffres ?
Comment entendez-vous augmenter cette production de céréales bio pour combler une partie de la demande et ainsi diminuer notre importation ? En effet, il me semble évidemment que cette production wallonne rencontrerait les demandes des consommateurs. Monsieur le Ministre, l’ASBL « Bio de Wallonie » est-elle associée à la réflexion ?

Réponse

Ces dernières années, le nombre d’hectares de terres agricoles consacrées à la culture de céréales bio a considérablement augmenté. C’est d’ailleurs le cas pour les grandes cultures d’une façon générale, qui entre 2014 et 2015 ont montré un accroissement spectaculaire de + 22 %, soit plus de 2.000 hectares supplémentaires.
Selon les chiffres officiels les plus récents, ces céréales sont aujourd’hui cultivées sur plus de 8.000 hectares en Wallonie. Malgré cette évolution positive, il n’en reste pas moins vrai qu’une grande partie de cette production locale est en effet valorisée pour l’alimentation animale.
Plusieurs éléments – réglementaires, techniques, économiques – expliquent cette situation. Tout d’abord, la Wallonie compte beaucoup d’éleveurs et le cahier des charges en production biologique animale impose le concept de « régionalité » des aliments. En Wallonie, cette règle de production est appliquée de façon stricte sous la supervision de mon administration. Ceci a pour conséquence que les producteurs d’aliments pour animaux cherchent activement à se fournir en céréales produites localement, ce qui stimule la production locale et permet de garantir au consommateur qui achète la viande et le lait issus de la filière de production wallonne, que ces produits respectent sans ambiguïté les principes essentiels de la production biologique.
Ensuite, les cultivateurs bio en Wallonie ont volontiers recours à des mélanges de céréales, voire des mélanges céréales – protéagineux, qui sont particulièrement adaptés à l’alimentation animale. Techniquement, il est plus difficile de produire des céréales panifiables ou des orges de brasserie, dans le contexte pédoclimatique qui caractérise notre région.
Enfin, si certains opérateurs importent des céréales biologiques en provenance de Turquie, de Russie, d’Ukraine ou d’Asie centrale, c’est non seulement pour une question de disponibilité, mais c’est aussi vraisemblablement pour leur faible prix. En ce qui concerne l’Ukraine, la Russie et le Kazakhstan, cet avantage compétitif est actuellement compensé, en tout ou en partie, par les sur coûts induits par des mesures de contrôle additionnelles imposées aux produits biologiques originaires de l’un de ces trois pays.
Biowallonie est bien entendu à la manœuvre en ce qui concerne l’encadrement des cultivateurs et le développement de la filière. La Cellule transversale de Recherche en agriculture biologique, mise en place au sein du Centre wallon de Recherches Agronomiques (CRA-W), a également un rôle important à jouer en vue de lever les difficultés d’ordre technique.
Le plan global de recherche en agriculture biologique, qui guidera les activités de la Cellule pour la période 2017-2020, reprend divers projets pertinents dans ce contexte.