Christie Morreale | Les néonicotinoïdes poussés vers la sortie, Christie Morreale veut bannir ces insecticides
Vice-Présidente du Gouvernement wallon, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des Femmes
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Les néonicotinoïdes poussés vers la sortie, Christie Morreale veut bannir ces insecticides

Article publié dans Le Soir du 29 juin 2015 :

Les socialistes souhaitent interdire tous les néonicotinoïdes au 1er janvier 2017. Le ministre wallon de l’Environnement Carlo Di Antonio (CDH) veut en bannir trois, en pulvérisation. Les jours des néonicotinoïdes en Wallonie semblent de plus en plus comptés. Alors que le ministre de l’Environnement, Carlo Di Antonio (CDH), travaille à une modification d’un décret du 10 juillet 2013 pour bannir partiellement ces insecticides du territoire wallon, le groupe socialiste au parlement wallon vient de déposer une proposition de résolution visant à interdire complètement l’utilisation des «néonics» du sud du pays.

Ils s’appellent thiaméthoxam, imidaclopride, thiaclopride, dinotéfuran, acétamipride, et clothianidine. Néonicotinoïdes est leur nom de famille. Ce sont des insecticides neurotoxiques dits «systémiques», qui agissent sur le système nerveux de leurs victimes. De plus en plus d’études mettent en avant la nocivité de ces substances pour la santé humaine, pour l’environnement et pour la biodiversité. Leur impact délétère sur les pollinisateurs (abeilles et autres) est de mieux en mieux documenté.

En mai 2013, la Commission européennedécidait de restreindre provisoirement l’utilisation de trois substances actives de la famille des néonicotinoïdes (clothianidine, thiaméthoxam et imidaclopride) sur certaines cultures «attirant les abeilles» . Cela concerne notamment l’orge, le millet, l’avoine, le riz, le seigle, et le blé pour le traitement des semences et des sols, de même que le traitement foliaire. De nombreuses légumineuses, des fruits et des herbes aromatiques sont également visés par l’interdiction. Celle-ci vient à échéance en décembre. En septembre, la Commission doit faire le point sur l’état des connaissances scientifiques. Elle pourrait renouveler le moratoire ou le rendre définitif. Mais les pressions des producteurs de ces insecticides et des agriculteurs sont fortes.

Du côté wallon, on est décidé à aller plus loin. La résolution parlementaire va au-delà des intentions du ministre Di Antonio. Celui-ci veut en effet continuer à autoriser l’utilisation des insecticides en enrobage de graines. Cette technique est largement utilisée par les betteraviers pour la protection des cultures contre les pucerons. A partir de la graine, l’insecticide se répand dans la plante, jusqu’au stade de quatre ou six feuilles et protège celle-ci pendant deux mois. Avantage: supprimer le traitement foliaire (pulvérisation) moins efficace et présentant un risque de dispersion.

Les représentants des 4.500 betteraviers wallons (40.000 hectares) estiment que l’interdiction des néonicotonoïdes entraînera des pertes de 10 à 20% de rendement pour leurs cultures. Au final, le ministre s’oriente vers une interdiction de toute pulvérisation. Mais pas de l’utilisation des néonicotinoïdes en enrobage de graines. Précision importante: cela ne concernerait que les trois néonicotinoïdes visés par la Commission européenne. Pas davantage.

La résolution parlementaire, quant à elle, considère «qu’aujourd’hui, il faut interdire tous les pesticides aux néonicotinoïdes, qu’ils soient en pulvérisation ou qu’il s’agisse d’enrobage des graines» . Il faut, dit Christie Morreale, auteure du texte, «laisser un délai pour que les agriculteurs puissent s’adapter. La date du 1er janvier 2017 donne le temps de réfléchir et de commercialiser d’autres produits moins nocifs. Certains affirment qu’il n’y a pas d’alternative? Nous voulons solliciter le Centre de recherche agronomique afin de démontrer l’efficacité de ses substances sur les rendements agricoles et trouver des substituts efficaces et moins dangereux pour la santé et pour l’environnement» .

Du côté des agriculteurs, on demande «aumonde politique d’analyser les impacts avec les centres de recherches compétents avantde prendre toute décision» . Pour Bernard Decocq, expert environnement à la Fédération wallonne de l’Agriculture, «il faut agir au niveau européen. Si interdiction en Wallonie il y a, nos collègues européens feront vite la différence et les cultures qui disparaîtront de chez nous trouveront à se localiser ailleurs» .

MICHEL DE MUELENAERE